La Fraternité favorise le lien social et l’éducation populaire au coeur de la Belle de Mai. Ateliers pour enfants et adultes, gestion d’un jardin partagé, braderie, formations… Un lieu de vie et de partage qui oeuvre depuis 140 ans dans l’un des quartiers les plus pauvres de France. Et une opportunité d’ouverture sociale en ces temps marqués par la crise.

Dans la salle d’accueil, Mina et Kenza sont affairées à la découpe des photos qui serviront à l’élaboration d’un livre, réalisé avec les enfants. « On leur a présenté ce qu’on avait fait, et maintenant c’est à eux d’imaginer leur livre », explique Mina, volontaire en service civique, nous montrant les dessins de poissons et autres portraits.

Du lundi au samedi, La Fraternité (3e arr.) reçoit ses adhérents pour différents ateliers, qu’il s’agisse de l’accompagnement informatique ou administratif, de la gestion du jardin partagé de Gibraltar, où l’équipe dispose de 1 400 m2, de loisirs divers ou encore de réunions thématiques.

Créée il y a 140 ans par la mission populaire évangélique française, l’association est aujourd’hui l’un des espaces du quartier de la Belle-de-Mai (3e) où se retrouvent des Marseillais de tous âges. En cette période sanitaire, la solidarité s’est organisée pour permettre aux membres de continuer à se retrouver, mais surtout oeuvrer pour le quartier. A ce jour, la plupart des activités sont maintenues dans le centre. Une manière de continuer à tisser le lien social malgré les difficultés.

, La Fraternité défend l’éducation populaire et cultive la solidarité à la Belle de Mai, Made in Marseille

Proximité et échanges

« Comment s’est passé le cours, Nadine ? » Sur les coups de midi, la classe de français est terminée pour une petite dizaine d’étudiantes. Pierre-Olivier Dolino, le directeur des lieux, sort tout juste d’une réunion d’échanges et n’hésite pas à apostropher, s’enquérir des activités de chacun, qu’il s’agisse d’un membre de son équipe ou de ceux qui viennent trouver compagnie. Les yeux partout et l’attention portée de toute part, il nous accompagne dans la cour arrière, disposant de jeux pour enfants et de différentes salles attenantes.

Car l’étendue des activités sur le site est grande : un cours de mise à niveau d’une part, une pièce dédiée à la braderie de l’autre, qui permet aux habitants d’y trouver leur bonheur deux fois par semaine. Et ici, aucune distinction, chacun est libre de participer aux débats et animations, dans ce lieu de vie qui se veut avant tout de proximité.

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S’adapter pour maintenir la solidarité

Avec l’arrivée de la Covid-19, le quotidien du centre a quelque peu évolué : l’accueil s’y fait désormais sur rendez-vous, et les groupes reçus limités afin d’éviter la propagation épidémique. Mais l’aspect le plus préoccupant reste la situation des habitants du quartier, dont la précarité ne fait que se renforcer. « Il n’y a plus d’emploi, les conditions économiques sont très tendues, indique Pierre-Olivier. Cela fait partie de nos préoccupations au quotidien, nous en parlions justement en réunion. Comment lutter contre le mal-logement ou les dettes de loyer qui se sont renforcées ces derniers mois ? »

Et pour se faire, l’équipe travaille auprès de plusieurs structures associatives, telles que la Fondation Abbé Pierre, le collectif des habitants organisés du 3e arrondissement ou encore les compagnons bâtisseurs. Le tout pour fournir les familles en denrées, qu’elles soient alimentaires ou de première nécessité.

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Comme le souligne le directeur, « La Fraternité n’est pas un centre social, mais propose des activités sociales. Elle n’a pas d’orientation politique, mais interpelle les citoyens pour changer la société. Elle n’a pas non plus la vocation de rassembler des fidèles, mais que chacun se retrouve pour partager son temps. Avec le virus, nous nous adaptons et oeuvrons avec les pouvoirs publics pour continuer sur cette voie ».

A ses côtés sont présents quotidiennement une cinquantaine de bénévoles, comme Pascal, qui accueille les Marseillais sur le pôle informatique, en les accompagnant, chaque vendredi, dans leurs démarches d’apprentissage des outils numériques. S’ajoutent 3 salariés permanents, 3 en insertion professionnelle ainsi que 2 volontaires en service civique.

Accompagner les jeunes dans leurs projets

Parmi eux, Kenza, 15 ans, effectue son stage de seconde. La jeune fille connaît bien le centre. Elle nous suit dans la découverte de « La Frat’ » qui dispose d’un espace vert où se dévoile une fresque, réalisée avec la compagnie artistique Boa Mistura. Le mot « Rencontre » s’y étale sur tout le pan du mur. « Je venais plus petite participer aux activités, nous raconte-t-elle. Pendant 6 mois, on a fait des ateliers de fabrication de la maquette du terrain où nous sommes actuellement, on peut aujourd’hui en profiter pour des jeux sportifs, ou simplement s’y retrouver ».

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Une expérience qui l’a marquée, puisqu’elle envisage déjà de créer son propre centre de loisirs. « J’ai envie d’encadrer les jeunes, pour continuer ce que j’ai commencé ici. Ce sera en-dehors de Marseille ». Des perspectives d’avenir que l’équipe de La Fraternité s’efforce de soutenir, en tant qu’association dédiée à l’épanouissement de chacun.

« Nous sommes là pour trouver les bons supports pédagogiques afin qu’ils se sentent concernés, conclut Pierre-Olivier. La Fraternité, c’est avant tout la rencontre, la réflexion collégiale, et nous voyons que les jeunes eux-mêmes sont très preneurs, qu’ils initient le débat, qu’ils s’engagent dans des actions. Voilà tout l’enjeu pour nous ».

Toutes les informations sur le site de l’association.

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