À la suite de la démission de Michèle Rubirola, la droite, qui dénonce un « hold-up démocratique », déterminera sa stratégie durant le week-end et envisage de ne pas présenter de candidat face à Benoît Payan. En vue de l’élection du nouveau maire de Marseille, d’ores et déjà, l’opposition municipale affiche son unité et souhaite rester à l’écart de ce qu’elle considère comme un « psychodrame » marseillais.

« Nous définirons de manière ferme et définitive notre position durant le week-end ». Pour Lionel Royer-Perreaut, maire LR des 9-10e, le temps est à l’observation. Après la démission, il y a deux jours, de Michèle Rubirola de ses fonctions de maire de Marseille, « nous devons voir comment les choses vont se positionner dans les jours qui arrivent », car d’ici à lundi tout peut encore arriver.

Quelques heures après l’onde de choc, mardi 15 décembre, les élus du groupe Une Volonté pour Marseille, faisaient part de leurs stupéfactions, interrogations, et soupçons, dans un communiqué de presse. « Nous espérons collectivement que ces raisons de santé ne masquent pas un accord conclu avant même l’élection municipale, auquel cas ce serait un véritable hold-up démocratique dont les Marseillaises et les Marseillais seraient les principales victimes ».

Crise de confiance

Un jour plus tard, ils sont dans le même état d’esprit. L’équipe menée par Catherine Pila a échangé mercredi matin pour exprimer les points de vue et analyser une situation qui ne « surprend pas », lâche Didier Réault. Le conseiller d’opposition LR, vice-président de la Métropole Aix-Marseille Provence pensait même que l’abandon interviendrait plus tôt. « C’est désastreux envers les électeurs et plus encore pour ceux du Printemps marseillais », commente-t-il.

Cette situation illustre pour lui « l’amateurisme de cette équipe-là, un attelage hétéroclite. C’est désastreux en termes d’image pour notre ville et pour les partenaires », s’inquiète l’élu dans la perspective de l’accueil des Jeux olympiques de 2024. « Au gré des changements, comment voulez-vous qu’un climat de confiance s’installe ? Ce n’est pas engageant. Le signal n’est pas bon aujourd’hui ».

À titre personnel, Yves Moraine, ancien maire LR des 6-8e arrondissements, est « persuadé d’un coup monté depuis le début. Pour ceux qui connaissent la politique et Michèle Rubirola, c’est cousu de fil blanc depuis le départ ». Dès ses origines, le collectif Mad Mars qui a permis l’union des gauches, donnant ainsi naissance au Printemps marseillais, promettrait un « mouvement sans précédent ».

Slogan dont use volontiers Yves Moraine pour décrire une « situation sans précédent, qui constitue un abus de confiance démocratique, encore plus indécent dans le contexte de crises sanitaire, économique et sociale actuelles et les grands donneurs de leçons du Printemps marseillais, spécialistes de l’éthique et de la démocratie se livrent à un jeu d’écharpes tricolores », ironise l’avocat.

« La candidature de Benoît Payan n’est pas acceptée par tous »

Spectateurs de ce « psychodrame » à la marseillaise, d’une « affaire où la responsabilité ou l’irresponsabilité est de leur côté », les élus ont pris le parti de se tenir à distance, scrutant les positions du camp adverse, et les failles dans l’unité affichée mardi autour de Michèle Rubirola. « Il a fallu faire bonne figure hier, mais aujourd’hui, ce n’est plus si clair, note Didier Réault. La candidature de Benoît Payan n’est pas acceptée par tous ».

« Je n’ai pas entendu à ce stade de grandes déclarations enthousiastes en faveur de la candidature de Benoît Payan », renchérit Lionel Royer-Perreaut. « Certains se réfugient d’ailleurs dans un silence surprenant », observe-t-il, sans nommer Samia Ghali, qui devrait s’exprimer ce jeudi dans la journée. « Il y a également une pression des mouvements citoyens qui s’exerce, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne seront pas unis au moment du vote », tempère-t-il.

Des collectifs citoyens qui avaient clairement émis leurs réticences à voir un socialiste les mener à la victoire. Un temps pressenti pour mener la liste du Printemps marseillais, avant de céder sa place à Michèle Rubirola pour réussir l’union des gauches, le premier adjoint souffre d’une image « d’apparatchik » du PS, et n’a toujours pas fait l’unanimité au sein de la majorité municipale.

Son étiquette politique, sa personnalité omniprésente et sa proximité avec Jean-Noël Guérini, complique son exercice au sein de cette vaste coalition composée de socialistes, de communistes, d’insoumis, d’écologistes, mais aussi de personnalités issues de la société civile ; celle pouvant faire vaciller une unité fragile. « Il y en a vraiment qui sont furieux », affirme Yves Moraine. « Certains sont très amers », ajoute Didier Réault.

Parmi les plus proches de Michèle Rubirola, Théo Challande-Nevoret, Didier Jau ou encore Pierre Huguet ont été quelque peu décontenancés par cette démission. Certains Verts également qui partagent avec la maire les mêmes ambitions environnementales et imaginent désormais créer un groupe indépendant. « Mais tout le monde devrait rentrer dans le rang », souffle une élue de la majorité, entre deux réunions. Car il n’est pas question de revivre le même scénario que le 4 juillet dernier, ponctué par les interminables tractations entre Samia Ghali et l’équipe actuelle. 

L’opposition pourrait ne présenter aucun candidat

Benoît Payan a déposé sa candidature dans l’après-midi d’hier, accompagné d’un message posté sur Facebook : « Je me présenterai pour concrétiser le projet que nous avons porté ensemble, celui de faire participer tous les Marseillais, de relever notre ville et d’en finir avec l’incurie de ces dernières années ».

Un post de trop pour le porte-parole de Martine Vassal, durant les municipales, Stéphane Soto. « Je n’ai pas de problème avec le Nouveau Monde, mais je trouve que tout ça fait très ancien monde », estime le chef d’entreprise, las de voir s’afficher Benoît Payan sur les réseaux sociaux, ou encore l’Hôtel de Ville se parer de couleurs pour les grandes causes. « Même si ces combats sont importants [Octobre Rose, LGBT, Sida, ndlr], il faut des actes, et j’aimerais que pour une fois Benoît Payan joigne les actes aux paroles, c’est-à-dire, que son équipe démissionne pour repartir sur de nouvelles élections. Le renouveau de Marseille, c’est l’emploi, la vie économique, tout ce qui va permettre d’attirer des entreprises sur le territoire », plaide-t-il. Comme les élus d’opposition, il préconise de se tenir « à l’écart de cette mauvaise plaisanterie ».

« Dans les discussions que nous avons eues, il y a une forme de dignité à ne pas participer à leur tambouille », soutient l’ancien maire LR des 6-8e. Lundi, face à Benoît Payan, le groupe Une Volonté pour Marseille pourrait ne présenter aucun candidat, ni faire de compromissions « avec les uns ou avec les autres ». Mais prononcer une déclaration « claire ». Les élus devraient arrêter leur position dimanche après de nouvelles réunions prévues ce week-end.


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