Les Wicked girls. C’est le nom d’un collectif créé en France en 2011 qui encourage les femmes à devenir DJ. Trop souvent absentes des lines up des soirées et festivals en France et en Europe, les femmes veulent leur revanche. Le collectif se produit à la Friche le 28 juin.
Wicked girls est un collectif de DJ européennes fondé en 2011. Depuis près de 10 ans, elles sont de plus en plus nombreuses à se lancer, éparpillées aujourd’hui aux quatre coins du monde. Bolly Cat est à Lyon, Paloma Colombe entre Alger et Paris, Hertz Hyènne à Toulouse, et Mariana Astrid au Brésil, pour ne citer que les plus représentées. « Cette « sororité » (Solidarité entre femmes, ndlr) c’est une création à distance, un travail engagé qui a créé des amitiés au fil du temps », explique Melle Lau, co-fondatrice de l’association.
Tant qu’il n’y aura pas de programmations plus « paritaires », ces femmes ne s’arrêteront pas. Leur but : programmer des femmes du monde entier, peu ou pas connues, derrière des platines. Elles se positionnent sur la scène de la « tropical global beats » : un peu plus que des dj sets, ce sont souvent des musiques traditionnelles ethniques mixées avec des musiques électroniques et populaires. « C’est du son plus dansant, plus jumpy que l’électro, on adore rencontrer des filles qui musicalement nous ressemblent » explique Carie, autre co-fondatrice du collectif.
En 2019, la musique électro est à son apogée, « c’est stylé et à la mode, tout le monde fait de l’électro… ». Les plus gros festivals de l’été programment de la house et de l’électro mais le collectif essaye de sortir des sentiers battus. Pour DJ Carie « On veut faire jouer des filles qui ne sont pas des superstars ! ».
Wicked girls est né en 2011 sur un coup de tête de deux DJ qui se rencontrent. « On lance un blog pour promouvoir la musique faite par des femmes. 2011 c’est aussi la grande arrivée de Mia Santigold ou Rye Rye, des femmes engagées qui renvoient une image de warrior. Et en 2012, on commençait à organiser nos propres soirées ou le line-up est féminin. C’était désespérant de voir si peu de femmes sur les programmations de concerts. Aujourd’hui on prépare nos dates nous même ! On aimerait créer des modèles, des idoles pour la génération qui arrive… Tout ce réseau de filles qui deviennent petit à petit des correspondantes. C’est du bouche à oreilles, ou des amis qui disent : celle-là, il faut absolument que tu la rencontres. Au fil des rendez-vous on devient copines ! », explique Melle Lau.
« Tu mixes bien pour une meuf »
Bien plus qu’un simple effet de mode, ces femmes travaillent depuis des années pour arriver à être programmées dans des festivals. « Aujourd’hui c’est chouette de mettre des femmes en avant. Ça fait huit ans qu’on lutte pour avoir un espace d’expression ».
Le collectif est optimiste : « Ça progresse, il commence à y avoir de plus en plus de nanas dans les lines-up, c’est de moins en moins un effet de surprise que de voir une femme DJ. On est dans un vrai mouvement où les choses commencent à évoluer, je prie pour que ça ne soit pas un effet de mode » rigole l’une des DJ. « Les mecs commencent aussi à s’engager. Objekt, un DJ qui sera une des pépites du Jack in the box Festival, a exigé que 20% du line-up soit composé de femmes, sans quoi il ne se produirait pas ! C’est la classe ce genre d’attitude » affirme Melle Lau pour qui la normalisation n’est pas encore au rendez-vous : « Sur scène, on ne peut pas entendre toutes les critiques, mais à chaque fin de soirée, il y’aura toujours un beauf pour venir te dire : « tu mixes bien pour une meuf »»…
Le collectif reste peu connu des grosses scènes privées, « on se produit dans un intérêt général, les clubs privés, c’est pas forcément là où on veut se faire voir. Et puis il y a un message politique derrière tout ça…» explique la chargée de communication des Wicked girls. Ces filles cherchent à jouer pour un public large, mixte et diversifié comme celui qu’elles vont retrouver au Cabaret aléatoire vendredi 28 juin. En attendant, l’association a tout de même programmé une cinquantaine de femmes pour des concerts en France et ailleurs sur leurs antennes.
Les Wicked girls ouvriront certainement une antenne à Bruxelles dans les prochains mois, en plus de celles déjà établies à Lisbonne et São Paulo.