Près de 200 taxis se sont rassemblés au rond-point du Prado et ont bloqué en grande partie le 8e arrondissement de Marseille mercredi matin. Une manifestation pour lutter contre la concurrence déloyale des VTC et d’Uber qui ne respecteraient pas la loi Grandguillaume.

Les taxis vent debout contre « les usurpateurs des taxis ». Après les fonctionnaires, mardi, c’était au tour des chauffeurs de taxis, à l’appel de deux syndicats (Alliance taxi 13 et la STM) de se rassembler mercredi matin au rond-point du Prado à Marseille. Une opération escargot, rassemblant près de 200 véhiculant et bloquant la circulation d’une partie du 8e arrondissement, pour exprimer leur mécontentement à l’encontre de la « concurrence déloyale » imposée par les nouveaux services de transports de personnes, à des VTC ou la firme multinationale Uber.

« Il semblerait qu’il y a une connivence avec ses nouveaux services »

Des nouveaux arrivants qui ne respecteraient pas les règles étiquetées par la loi Grandguillaume, un texte adopté en décembre 2016 visant à régulariser le marché et  « créer les conditions d’une concurrence saine », comme le mettait en exergue le gouvernement de l’époque sous la houlette de l’ancien Président de la République François Hollande. Mise en application, le 1er janvier 2018, la loi laissait jusqu’au 31 décembre 2017 pour que les VTC et la firme américaine régularisent leurs situations, une étape spoilée par de nombreux chauffeurs. A titre d’exemple, l’économiste et ancien chargé de mission au cabinet du Premier Ministre en 1987, Philippe Crevel estime à « 40 à 50% » leur nombre sur Paris.

 » Il est impossible d’avoir un marché avec des règles équitables »

« La loi a été promulguée, et pourtant certains décrets d’applications attendent encore d’être publiés. Et quand bien-même, il existe ces dispositifs pour faire respecter la réglementation, ce n’est toujours pas mis en oeuvre par manque de moyens et de volonté« , s’exaspère Rachid Boudjema, Président du Syndicat des Taxis Marseillais. « Il semblerait qu’il y ait une connivence avec ses nouveaux services ou du moins une volonté de laisser-faire. » Si la loi cristallise les tensions dans le cortège, son application semble quant-à-elle particulièrement difficile à mettre en place et inefficace pour atténuer les tensions entre taxis et VTC. « Il est tout bonnement impossible de faire respecter la réglementation. La loi ne répond pas à toutes les distorsions entre ces entités économiques », constate Philippe Crevel. « Aujourd’hui les chauffeurs de taxis doivent payer jusqu’à 200 000 euros pour avoir une plaque, des frais dont sont exonérés les VTC. Certes, l’arrivée des nouveaux concurrents a permis aux taxis d’offrir une meilleure qualité de service, mais il est impossible dans ces conditions d’avoir un marché avec des règles équitables. »

« Il faut que tout le monde respecte la réglementation »

Devant la Préfecture de Région, où tous les taxis ont pignon sur rue pour faire entendre leur voix auprès des pouvoirs publics, les chauffeurs ont revendiqué leurs solutions pour sortir de la crise. « Il faut que tout le monde respecte la réglementation. Lorsque les chauffeurs de taxis commettent une infraction ils sont sanctionnés, malheureusement nous n’avons pas le sentiment que cette règle s’impose à tous« , se navre Rachid Boudjema. Si le leader syndical laisse entrevoir une résolution de la crise, pour Philippe Crevel les solutions sont binaires : soit « interdire tout bonnement les VTC comme dans certains pays », soit  « mettre tout le monde au même niveau des VTC ». En cas d’échecs de l’opération, les grévistes envisagent déjà de durcir le ton en paralysant l’ensemble du système routier marseillais.

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