Pratique sportive emblématique et presque ancestrale des Calanques, l’escalade continue d’être pratiquée depuis la création du Parc national en 2012. Toutefois des réglementations devraient voir le jour d’ici quelques années afin de concilier activité sportive et protection du patrimoine naturel et paysager de l’un des plus beaux spots de France.

C’est en 1879 qu’a lieu la première ascension des Calanques marquant ainsi le début de l’histoire de l’escalade dans le massif. Francis W. Mark, vice-consul britannique à Marseille, est le premier homme à grimper la Grande Candelle qui, aujourd’hui, fait partie des sommets des Calanques réputés pour sa vue panoramique sur Marseille et Cassis.

Plus d’un siècle plus tard, la pratique de l’escalade s’est démocratisée dans les Calanques malgré les dimensions « réduites » du massif. L’espace est devenu un terrain d’entraînement à l’alpinisme et de plus en plus de voies ont été ouvertes, financées par les clubs et collectivités locales. Aujourd’hui, grâce à leurs 3 400 voies répertoriées, à leur accès facile et au climat méditerranéen qui rend sa pratique agréable en toute saison, les Calanques font partie des plus célèbres spots d’escalade de France et même d’Europe.

escalade, Quel avenir pour l’escalade dans le Parc national des Calanques‏ ?, Made in Marseille
Le Socle de la Candelle.

Le Parc national des Calanques : un cas particulier

La création du Parc national des Calanques en 2012 a quelque peu changé la donne pour la pratique de l’escalade. Pour le moment, aucune réglementation n’a été mise en place, seulement des préconisations qui ont été actées dans la charte du parc.

« Le Parc national des Calanques est pour la pratique de l’escalade qui est une activité emblématique et reconnue comme étant structurante du territoire. Toutefois, elle nécessite d’être réglementée pour éviter des impacts trop préjudiciables sur la nature et le patrimoine des massifs », explique Gille Chappaz, chargé de mission tourisme durable et du dossier escalade pour le Parc national des Calanques.

Comparé aux autres parcs de France, celui des Calanques fait office en quelque sorte de « cas particulier » du fait de son histoire et de sa localisation. Car dans la plupart des parcs nationaux du pays, les activités sportives et de nature se pratiquent dans des zones dites d’adhésion et non dans le cœur de parc qui bénéficie d’une protection renforcée de son patrimoine. Dans les Calanques tel n’est pas le cas et les différentes activités se déroulent dans le cœur de parc. Résultat : on est dans un « télescopage » entre activités et biodiversité.

« Pour le moment, nous n’avons pas de préconisations particulières pour l’escalade. Simplement que les pratiquants reconnaissent que les Calanques est un espace fragile et exceptionnel qu’il faut protéger tout en intégrant le déploiement de cette pratique dans le parc », souligne Gilles Chappaz.

Des concertations en vue d’une réglementation

Si pour le moment aucune réglementation n’a été mise en place, le Parc national s’est engagé dans un plan d’action triennal de trois ans (2015/2017) pour en mettre en place sur les pratiques de nature dont l’escalade fait partie. Et pour cela, le parc a fait le choix de se concerter avec l’ensemble des acteurs de l’escalade à savoir les propriétaires publics, généralement des collectivités territoriales comme les communes de Marseille, Cassis ou La Ciotat et les associations d’usagers.

Depuis plusieurs décennies, un système de convention de responsabilité pour harmoniser la pratique de l’escalade a été mis en place entre les propriétaires et les associations et ce dans tous les parcs nationaux de France. Les propriétaires donnent ainsi droit aux fédérations de grimper les falaises à la condition d’aménager les sites et d’assurer la fiabilité de l’équipement. Toutefois aujourd’hui, la FFME (la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade), l’une des fédérations d’escalade, remet en cause ce système qu’elle juge trop draconien pour la pratique de son activité.

« Le problème est que ces conventions désignent la fédération comme coupable en cas d’accident. Mais est-ce vraiment à une fédération de prendre la responsabilité de la pratique de l’escalade dans toutes les calanques, d’autant plus que tous les grimpeurs ne sont pas licenciés ? Nous aimerions que cette convention soit revue voire qu’il n’y en ait plus pour que l’on continue à faire de l’escalade », met en avant Jean-Claude Grand, Président du Comité Départemental des Bouches-du-Rhône de la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade.

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Les différents acteurs sont actuellement en concertation pour trouver une issue à la situation © Parc national des Calanques

Des discussions sont actuellement en cours entre les fédérations et les propriétaires afin de clarifier la situation. Le Comité des Bouches-du-Rhône de la FFME défend également le fait de pouvoir pratiquer l’escalade partout dans les Calanques et qu’il n’y ait pas de zones d’interdiction. Actuellement certains spots sont totalement ou partiellement interdits d’accès pour des raisons de protection de la nature. Comme par exemple certaines portions de falaises pendant la période de reproduction des faucons pèlerins pour que les grimpeurs ne nuisent pas à l’éclosion des œufs. D’autres espèces, animales comme les chauves-souris ou végétales à l’instar de la Sabline de Provence peuvent aussi être « dérangés » par les grimpeurs.

« Il faut que l’on réfléchisse à comment gérer toutes ces questions qui sont des enjeux connus et maîtrisables. À terme, notre volonté est de mettre en place une commission escalade pour définir ensemble un cadre de travail et que l’on puisse avancer vers une pratique apaisée et la plus transparente possible avec tous les acteurs », conclut Gilles Chappaz.


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Par Agathe Perrier

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