Le Camp des Milles va consacrer une partie de son exposition permanente à l’histoire de ses 2 000 internés déportés à Auschwitz à l’été 1942, avec l’aide, notamment d’archives, du camp polonais tristement célèbre. C’est d’ailleurs la première fois qu’Auschwitz s’associe de la sorte à un autre site mémorial.

Ouvert en septembre 2012, le site mémorial du Camp des Milles retrace l’histoire des trois grandes périodes de ce camp. Entre 1939 et 1942, il a servi de camp d’internement puis de déportation vers le camp d’Auschwitz, en Pologne.

Jusqu’à présent, l’histoire s’arrêtait là dans les expositions du Camp des Milles. À partir de janvier 2019, elle va aller plus loin. « L’objectif est de mettre en place une extension du camp pour raconter le parcours des 2 000 personnes qui ont été internées au camp des Milles, puis déportées à Auschwitz. Et aussi tout ce qu’il s’est passé là-bas », explique Cyprien Fonvielle, directeur de la fondation du Camp des Milles. Pour se faire, il a fallu replonger et rechercher des archives de l’époque.

Une exposition pour retracer le parcours des déportés

C’est un travail de fourmi qu’a mené, et continue de mener, l’équipe du Camp des Milles. Car beaucoup d’archives du camp d’Auschwitz ont été détruites par les Allemands avant la libération du camp. D’autres n’ont pas non plus résisté au temps. « Quelques destins ont déjà pu être retracés. On a retrouvé des informations sur le métier des déportés, leur âge, leur nationalité… Mais nous n’en sommes qu’au début », précise Magdalena Wolak, doctorante en charge du partenariat entre les deux camps, et qui a effectué les recherches.

, Exposition – Le Camp des Milles s’associe avec celui d’Auschwitz, Made in Marseille
Un exemple de destins qui a pu être retracé grâce aux archives du Camp des Milles, du camp d’Auschwitz et du Département des Bouches-du-Rhône © AP

Outre les archives du camp d’Auschwitz, celles du camp des Milles et du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône ont aussi permis de retracer ces histoires. Toutes ne seront toutefois pas exposées. « On va sélectionner ce qui nous semble le plus important, de sorte à représenter les différents parcours des déportés. Car certains ont été exécutés à leur arrivée à Auschwitz, d’autres ont été envoyés dans les unités médicales pour des expériences, d’autres encore dans des usines alentours pour travailler. Il faudra représenter tout cela », ajoute Cyprien Fonvieille. À la fin de la guerre, seulement 20 déportés des Milles ont survécu à l’enfer d’Auschwitz, soit 1%.

Raconter, mais surtout comprendre

Si l’exposition est le premier axe fort du partenariat entre le camp des Milles et celui d’Auschwitz, ce ne sera pas le seul. Auschwitz veut notamment récupérer une partie du volet « Réflexif » du Camp des Milles pour l’exposer sur son site. Car le Camp des Milles raconte l’histoire de la Shoah, mais aussi des autres génocides perpétrés au cours du 20e siècle, en s’interrogeant sur comment cela a pu arriver, et comment tenter de les éviter.

« Le Camp des Milles est le seul lieu de mémoire au monde qui propose un volet de réflexion. Raconter l’histoire n’est pas suffisant. La preuve avec les autres génocides qui ont suivi la Shoah », met en avant Cyprien Fonvieille. « On doit se rappeler ce qu’il s’est passé il y a 70 ans, car c’est la plus grande tragédie de tous les temps. Mais face à la résurgence du racisme et de l’antisémitisme, il est aussi important de maintenir les gens dans un état d’alerte pour qu’ils intègrent le fait que les choses peuvent recommencer, même si ce ne sera peut-être pas de la même façon », ajoute Bruno Benjamin, président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France des Bouches-du-Rhône (Crif 13).

La nouvelle exposition du Camp des Miles, qui restera sur le site mémorial de façon permanente, devrait être inaugurée le 27 janvier 2019. Une date qui ne relève pas du hasard puisqu’il s’agit de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. L’exposition sera installée dans un ancien wagon datant des années 1950 et qui se trouvait auparavant à l’entrée du Camp des Milles.

Par Agathe Perrier

Un commentaire

  1. Merci pour votre article.
    N’oublions pas les camps français premier jalon vers les camps nazis !

    Plasticienne engagée, j’ai réalisé une série intitulée « Enfant de parents» sur la présence des camps en France pendant la seconde guerre mondiale, dont le camp des Milles. C’est un sujet totalement méconnu, voire occulté par les français en général.
    Cette série fut exposée à trois reprises à Chambéry en Savoie, Villard-Bonnot et à Uriage en Isère et j’espérerais cette oeuvre dans un lieu de mémoire.

    A découvrir : https://1011-art.blogspot.fr/p/enfant-de-parents.html
    Mais aussi : https://1011-art.blogspot.fr/p/lettre.html

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