Des sculptures de crapauds ont envahi Marseille et se sont installées aux quatre coins de la ville depuis quelques années. À des endroits « tristes et pauvres à l’œil » aux dires de leur créateur, Alain Paris, qui souhaite les embellir avec son projet. Rencontre.

Sur l’autoroute A7 au niveau de Saint-Antoine, sur l’avenue Jean-Paul Sartre non loin du Conseil départemental ou encore sur la Corniche, il est possible d’apercevoir de drôles de statues avec de grands yeux. Des œuvres qui portent le nom de « crapauds marseillais » et qui ont fait leur apparition depuis 2013 à Marseille.

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Le crapaud de l’autoroute A7, au niveau de Saint-Antoine.

Un projet que l’on doit à Alain Paris, artiste qui travaille le plâtre, matière justement utilisée pour confectionner les batraciens. C’est alors qu’il est programmé pour une performance lors des événements de Marseille Provence 2013 que l’idée lui vient. « Ma performance a été un vrai succès et j’ai voulu la reproduire, cette fois en extérieur. Comme c’était impossible, mon compère m’a suggéré « Pourquoi tu ne sors pas dehors avec ton plâtre ? ». Ça a été le déclic », raconte-t-il.

Et c’est un crapaud qu’il choisit de réaliser, en référence aux promenades avec son chien au parc du Palais Longchamp où de nombreux crapauds avaient l’habitude de coasser sur son passage. Un clin d’œil également à l’histoire de Marseille qui, avant d’être peuplée par l’homme, était une ville d’eau et de batraciens.

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Le crapaud de l’avenue Jean-Paul Sartre non loin du Conseil départemental.

Des crapauds pour interpeller les Marseillais

Sa première sculpture, qu’il baptise « le crapaud marseillais », Alain Paris l’installe sans autorisation sur le Vieux-Port de Marseille. Il est sommé de la retirer, mais cela ne l’empêche pas de se lancer tête baissée dans son projet. « Je me suis mis à faire des crapauds dans la rue. Je les fais directement sur place, à un endroit triste et pauvre à l’œil voire à l’abandon pour que, une fois le crapaud installé, on ne voit que la sculpture et on oublie les alentours », met en avant l’artiste.

Modeler un crapaud, avec seulement de l’eau et du plâtre, lui prend environ cinq à six heures. Il le recouvre ensuite de peinture et de résine de sorte à le rendre résistant face aux intempéries. Outre son envie d’embellir les rues, Alain Paris souhaite aussi interpeller les Marseillais à travers son travail. « Au fur et à mesure, l’accent marseillais et le parler marseillais s’en vont, nos vieux quartiers sont remplacés par du béton, il n’y a plus les étendages à la fenêtre, les belles persiennes ou la pierre de cassis dans la ville. À travers mes crapauds, je veux interpeller les Marseillais et leur dire : « Attention, protégeons notre ville ! », alerte l’artiste.

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Le crapaud à proximité de la passerelle de Plombières.

Impossible de savoir le nombre exact de crapauds disséminés dans les rues de Marseille. À chacun d’entre nous, habitant ou touriste, de lever les yeux pour tous les découvrir. De nouveaux vont d’ailleurs encore faire leur apparition dans les jours et mois à venir. « Je veux en faire le plus possible pour que les crapauds marseillais soient reconnus par la municipalité. Ensuite, je me pencherai sur un autre projet car il y a encore plein de choses à faire ! », explique Alain Paris.

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Par Agathe Perrier

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