Les terrasses en bord de plage auront bientôt disparu du paysage de la Pointe Rouge. D’ici au 31 octobre prochain, les restaurateurs marseillais devront avoir démonté leurs infrastructures fixes afin d’être en accord avec la Loi Littoral. Toutefois, ils pourront toujours y installer tables et chaises, mais directement à même le sable. Un projet est prévu par la mairie pour 2019.

Les restaurateurs ont attendu les derniers jours pour démonter leurs terrasses situées sur le Domaine Public Maritime (DPM) de la plage de la Pointe Rouge. De quoi faire profiter le plus longtemps possible les Marseillais et les touristes du plaisir de déjeuner les pieds dans l’eau. Mis en demeure depuis juin 2017 de libérer l’espace sur la plage avant le 31 octobre suivant, les propriétaires de restaurant se conforment à la loi.

, Reportage – La fin des restos et un nouveau projet sur la plage de la Pointe Rouge, Made in Marseille
Les restaurateurs démontent leurs structures fixes sur la plage de la Pointe-Rouge © AP

​« Depuis le début des discussions en 2014, on savait qu’on allait devoir détruire et nous n’avons jamais été contre. On aurait simplement aimé avoir l’autorisation de continuer encore une année et de procéder au démontage en octobre 2018, juste avant la mise en place du projet de la municipalité », explique Cyrille Rebuffat, propriétaire du restaurant l’Escale et responsable des plages à l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie des Bouches-du-Rhône (UMIH13).

En cas de refus de libérer l’espace public, les restaurateurs le savent, le risque est gros : un procès-verbal qui mènerait à une amende calculée par jour de retard et, surtout, l’interdiction de postuler aux appels d’offres du projet de 2019 (voir ci-dessous). « On n’a aucun intérêt à aller au combat. On reste quand même déçus car, d’après ce que l’on sait, il n’y a aucun intérêt à détruire dès cette année. Au contraire même car on est obligé de réfléchir à ce que l’on va faire en termes d’emploi et peut-être avoir recours à des licenciements économiques ou à du chômage technique », confie Cyrille Rebuffat.

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Les restaurateurs ont jusqu’à mardi 31 octobre 2017 pour libérer le Domaine Public Maritime © AP

Une requalification prévue pour 2019

La loi qui oblige les restaurateurs à démonter leurs installations fixe est la Loi littoral, entrée en vigueur en 1986. Un décret voté en 2006 stipule que les équipements des plages, comme les terrasses par exemple, doivent être démontables et non fixes et qu’ils ne doivent pas dépasser les 20% de la surface de la plage.

De façon générale, c’est une requalification que va connaître la plage de la Pointe-Rouge avec également des investissements pour protéger la plage et éviter son érosion. Un réaménagement qui devrait voir le jour en janvier 2019 et qui servira de base pour requalifier, à terme, l’ensemble du parc balnéaire du Prado comme nous vous en parlions ici.

Pour aller plus loin sur ce sujet

Quel avenir en attendant 2019 ?

Si des visuels ont circulé il y a quelques mois sur la possible transformation de la plage de la Pointe Rouge, aucun projet n’a encore été validé. Un appel d’offre a été lancé pour l’attribution des lots d’une durée de trois mois à six mois mais il faudra donc attendre 2019 pour que l’arbitrage soit rendu.

En attendant la mise en place du projet municipal, les restaurateurs pourront toujours installer leurs équipements directement sur le sable. Une situation peu commode les jours de mauvais temps. « Jusqu’à présent, je pouvais maintenir mon activité toute l’année car j’avais une partie de la terrasse couverte et chauffée. Là, les jours de mistral comme c’est notamment prévu ce week-end, je ne pourrai pas ouvrir et donc ne pas faire travailler mes employés », déplore Cyrille Rebuffat.

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Tables et chaises pourront toutefois être installées, mais directement à même le sol © AP

Pour autant, le restaurateur voit dans le futur projet de la mairie des avantages pour la stabilité de son entreprise. « En remportant l’appel d’offres, la durée de la concession passerait à neuf ans contre un an aujourd’hui. En plus, elle serait au nom de l’entreprise et non en mon nom propre, ce qui permet une filiation automatique », précise Cyrille Rebuffat. « Mais pour cela il faut gagner l’appel d’offres et rien ne le garantit pour le moment car d’autres personnes se sont aussi positionnées. Si je ne le remporte pas, je ne pourrai pas maintenir mon activité et je serai obligé de liquider mon entreprise », ajoute-t-il.

Le nouveau projet présente aussi des points négatifs pour les restaurateurs de la Pointe-Rouge. « Sur l’appel d’offres, par rapport à aujourd’hui, je perdrais 80 m² de surface et le loyer va augmenter », précise Cyrille Rebuffat. Une hausse qui serait due aux investissements prévus par la mairie pour réaménager la plage de la Pointe-Rouge.

Pour maintenir son activité telle qu’elle était jusqu’à présent, à savoir toute l’année comme c’est le cas depuis 14 ans, le restaurateur devra également demander une dérogation, possible du fait que Marseille est classée cité balnéaire. Il devra financer avec ses propres ressources sa nouvelle structure, démontable comme le prévoit la loi. Un coût qu’il chiffre à environ 200 000€ auxquels s’ajoutent 30 000€ pour la destruction des installations actuelles.

Par Agathe Perrier

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