Dans la région PACA, 90 entreprises (sur plus de 400 000) ont fait le choix de miser sur l’insertion en embauchant des personnes éloignées de l’emploi pour les former et les professionnaliser. Quels avantages pour elles et pour ces employés ? Reportage.

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Nordine El Miri, président de FEI PACA.

La seule différence entre une entreprise dite « classique » et une dite « d’insertion » est la finalité de cette dernière, à savoir l’insertion sociale et professionnelle, au sein de ses équipes, d’une ou plusieurs personnes exclues du marché du travail. Car, comme le rappelle Nordine El Miri, président de la Fédération des Entreprises d’Insertion (FEI) en PACA, fraîchement réélu pour un nouveau mandat de trois ans : « Une entreprise d’insertion est soumise aux mêmes règles fiscales, juridiques et économiques que toute autre entreprise. Elles sont également aussi compétitives et produisent de la richesse en donnant du sens à leurs missions ».

Autre différence : chacune de ces entreprises est conventionnées par l’État et touche une subvention à hauteur de 10 237€ par an par salarié d’insertion. « Il s’agit d’une aide au poste pour rattraper le fait qu’il faut former une personne dite « inemployable ». Mais nous, nous partons du principe que personne n’est inemployable », ajoute Nordine El Miri.

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Nordine El Miri, président de la Fédération des Entreprises d’Insertion (FEI) PACA, Angel Avila et Paul Magranville, respectivement directeurs des entreprises d’insertion PACADEM (84) et Territoire (13) © AP

Pourquoi l’insertion ?

Si les entreprises d’insertion de PACA ont choisi d’intégrer dans leurs effectifs des personnes éloignées de l’emploi dans le but de les former et les professionnaliser, ce n’est pas pour une question économique. Car les 10 237€ de subvention ne permettent pas de tout couvrir. « Mon entreprise serait beaucoup plus rentable si je n’avais aucun salarié issu de l’insertion », reconnaît Paul Magranville, directeur général de l’entreprise Territoire basée à Marseille et qui emploie 45 salariés dont 18 en insertion.

Car pour former et professionnaliser les salariés en insertion, il faut souvent les mettre en binôme avec un autre salarié de l’entreprise. « Ils sont alors deux sur un poste qui ne nécessite qu’une personne. Idem pour les formations où du coup tout marche par deux », ajoute le chef d’entreprise.

Alors pourquoi avoir choisi de faire de l’insertion ? « Pour le côté humain avant tout », confie Nordine El Miri, et « pour la réussite que ça peut apporter », ajoute Angel Avila, directeur de l’entreprise PACADEM située dans le Vaucluse et qui embauche 17 salariés dont 8 en insertion.

En 2016, les entreprises d’insertion membres de la FEI PACA, soit 40 sur les 90 que compte la région, ont enregistrés un taux de sortie réussie de 74%, c’est-à-dire que ces salariés en insertion ont trouvé un emploi durable (CDI, CDD de plus de six mois, création d’entreprise ou entrée dans la fonction publique), un emploi de transition ou une formation. Ce qui représente plus de 2 500 salariés.

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Créer des liens avec les autres entreprises du territoire

Les entreprises d’insertion n’ont pas entière vocation à embaucher tous les salariés en insertion qu’elles forment. Le but est de leur apporter un accompagnement socioprofessionnel pendant les 4 à 24 mois de leur contrat pour les aider à construire leur parcours et à rechercher un emploi pérenne à la fin de leur période d’insertion.

« Le plus gros problème que l’on a est de « recaser » ensuite ces personnes, car parfois nous ne sommes pas en mesure de les garder », met en avant Angel Avila. D’où la nécessité pour les entreprises d’insertion de créer des partenariats avec les autres entreprises du territoire, susceptibles d’embaucher les salariés en insertion formés. C’est là un travail d’image à mener car, bien souvent encore aujourd’hui, la notion d’insertion est péjorative et souffre de préjugés.

Autre point noir pour les entreprises d’insertion : la mise en contact avec des personnes éloignées de l’emploi. Car, même si une entreprise trouve un profil qu’elle pourrait embaucher, il faudra obligatoirement passer par Pôle Emploi pour que l’embauche soit validée. « Ce serait bien si Pôle Emploi n’avait plus ce monopole », lance Paul Magranville. « Depuis plus d’un mois, j’ai une offre d’emploi en insertion sur le site de Pôle Emploi qui ne trouve pas preneur, car les critères de sélection de Pôle Emploi ne sont pas forcément les bons », ajoute Angel Avila. D’autant plus que dans la région PACA, 240 000 personnes ont le profil insertion, à savoir sont au chômage depuis une longue durée avec peu ou pas de qualifications mais avec la motivation de s’en sortir.

Par Agathe Perrier

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