Salle de théâtre emblématique de la ville de Marseille, la Criée trône fièrement depuis 1909 au bout du quai de Rive Neuve sur le Vieux Port. Avant d’avoir la vocation culturelle qu’on lui connaît aujourd’hui, l’établissement a été pendant plusieurs décennies un marché où le poisson se vendait en gros et « à la criée », dont il a hérité le nom.

Comme la date sur sa façade l’indique, La Criée est installée sur le Vieux-Port de Marseille depuis 1909. À cette époque, il s’agit du lieu de rendez-vous entre pêcheurs et poissonniers et où les poissons sont vendus en gros. Pendant près de 70 ans, l’activité bat son plein dans le centre de la ville, rythmée par les voix haut perchées des poissonnières notamment, qui ne manquent pas de force pour vendre leurs marchandises.

La fin d’une époque chère aux Marseillais

Dans les années 1970 cependant, il est décidé de transférer la halle aux poissons au Nord de Marseille, et plus précisément au port de Saumaty tout près de l’Estaque, qui devient le port de pêche de la ville. Cette décision résulte du constat que le port de Saumaty est jugé plus fonctionnel pour accueillir La Criée. Une décision qui n’a pas remporté l’adhésion de tous les Marseillais qui voyaient, dans ce transfert, une partie de l’âme de Marseille s’envoler.

, L’histoire de La Criée, de halle aux poissons à Théâtre national, Made in Marseille
La Criée quelques jours avant sa fermeture © Errol Palandjian

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Errol Palandjian, qui a immortalisé les derniers moments de la Criée sur le Vieux-Port, témoigne sur son blog : « Ces photos ont été faites entre 6h et 8 h du matin, à la fin de la vente des poissons. Les gens finissaient leur nuit de travail et étaient fatigués. Ils s’apprêtaient à rentrer chez eux ou faire une autre journée. […] Les nouvelles halles étaient déjà construites, c’était la fin d’une époque. Ils le savaient. Je le savais aussi, c’est pour cela que je suis allé faire ces photos. […] C’est l’ambiance fin de règne, la fin d’une époque, la fin de la criée du Quai de Rive Neuve qui m’intéressait dans les gestes et les attitudes des gens. Quelque chose de lent, de dépassé et de vain. Les derniers moments, presque inutiles, une habitude à laquelle on porte un dernier geste de respect et de reconnaissance avant de partir… ».

La naissance d’un théâtre aujourd’hui mythique

Après le départ du marché aux poissons, le bâtiment du Vieux-Port totalement vide accueille un spectacle unique de Marcel Maréchal le temps d’une soirée qui marque sa vocation future : une salle de théâtre. Il aura fallu attendre toutefois cinq années et d’importants travaux menés par Bernard Guillaumot pour que le projet voie le jour. Des travaux qui auront coûté à la municipalité de l’époque, dont le maire était Gaston Deferre, 52 millions de francs, soit quasiment huit millions d’euros. En 1981, le Nouveau Théâtre National de Marseille s’installe à La Criée sous la direction de Marcel Maréchal.

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La façade emblématique du théâtre © DR
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L’immense salle de spectacle © DR
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Les espaces communs du théâtre © DR

L’établissement a été rénové afin de respecter, du côté extérieur, le visage du Vieux-Port. À l’intérieur, il se compose d’une grande salle de 800 places dont la scénographie et la machinerie ont été inventées spécialement pour le lieu. On y trouve également une seconde salle, de 100 à 250 spectateurs et un vaste hall. À son inauguration, La Criée est même le théâtre le plus moderne de France. Il est aujourd’hui, et depuis 2011, piloté par Macha Makeïeff et se veut être « une Fabrique d’images et d’imaginaires ouverte à toutes et à tous ».

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© Christophe Finot

Par Agathe Perrier

3 commentaires

  1. dans les 60…j allais chercher ma belle mère le samedi soir aprés sa journée de travail de poissonnière installée au milieu des halles…Elle était connu sous le nom d antoinette…et la plus bruyante parmi ses collègues vendeuses et joyeuses….c était une femme au grand coeur…….tellement grand que j hésitais à m approcher à me montrer de peur qu elle ne brade pour les mendiants tous ses invendus de la journée….et c est comme ça que ces pauvres gens partaient avec sous les bras deux ou trois kilos de poissons gratuitement sans oublier de remercier « madame Antoinette « …mile fois….chaque samedi soir..de bonheur….

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