Mathieu Hocine alias Kid Francescoli, a rencontré un succès d’estime avec son album « With Julia ». Sa pop lumineuse ayant trouvé sa pleine mesure lors de la rencontre artistique et sentimentale avec la chanteuse américaine Julian Minkin. Le trentenaire présente son nouvel album,« Play me Again» sortie le 3 mars 2017, nous parle de sa conception, et nous partage son amour sa ville Marseille.

Interview de Romain Pommier

Bonjour Mathieu, peux-tu nous expliquer ton parcours ? Avant le succès Blow-up.

Je suis né à Paris. Après quelques années en Corse dans ma jeunesse, ma famille est venue s’installer à Marseille. Pour moi, et comme mon accent le laisse entendre, je suis Marseillais depuis toujours. J’ai commencé la musique chez moi étant gamin et j’ai eu plusieurs groupes dès le lycée. La naissance de Kid Francescoli remonte à 2006, année de la sortie de mon premier album solo sur de petits labels. À cette époque, je n’étais pas réellement musicien professionnel, cela restait alors une espèce de fantasme et une passion. En parallèle, j’étais ingénieur du son à l’OMtv, ce qui m’a permis de rencontrer beaucoup de mes idoles.

Qu’elles étaient celles-ci ?

Les Papin, Di Meco, Boli… Tout ceux qui ont bercé mon enfance et inculqué cet amour que j’ai pour ce club. Ma seule frustration est de n’avoir jamais rencontré la plus grande de mes idoles : Enzo Francescoli. Il dégageait quelque chose de différent des autres sur le terrain, une sorte de grâce qui rendait son football artistique. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai choisi ce nom, pour les connaisseurs de football, c’est une sorte de « label classe ».

, Rencontre avec Kid Francescoli « Marseille est une alliée dans la composition », Made in Marseille
Kid Francescoli a ouvert les portes de son univers à Made in Marseille © Romain Pommier

Reprenons, la suite de ta carrière…

Il y a quatre ans suite aux concerts que j’ai donnés avec Nasser et Oh! Tiger Mountain notamment, j’ai pu réellement me professionnaliser, à partir de là, j’ai amorcé le travail sur mon troisième album. La rencontre avec Julia à New-York étant celle qui a impulsé définitivement ce projet. Entre ce dernier, et le travail avec Husbands, je vis de ma musique depuis maintenant cinq ans, je suis un musicien professionnel. Et je suis ravi de me le répéter chaque jour. C’était un véritable rêve de gosse de faire des concerts, de sortir des albums, réaliser des tournées, d’être interviewé…

« Il y a une attraction, une ambiguïté, voire même une tension entre nous deux… »

Tu as tendance à utiliser la troisième personne du pluriel pour parler de Kid Francescoli, pourquoi ?

Je suis seul pilote. Je prends seul les décisions que ce soit pour la production, les morceaux, les suites d’accords… Mais par contre, je travaille toujours en collaboration avec des personnes autour de moi que se soit David des Performers, ou Julia Minkin, Simon de Nasser et Mathieu de Oh ! Tiger Mountain pour les lignes de basses. Je considère ça comme mon bébé, mais je suis toujours ouvert à la collaboration de manière assez large par exemple pour « Play me Again » (sortie le 3 mars 2017), c’est quasiment du 50/50. Je composais les musiques et Julia écrivait les paroles. Je pourrais presque le qualifier cela de duo dorénavant.

Ton dernier album racontait l’histoire de votre rencontre, de quoi traite « Play me Again » ?

Avec Julia, on avait abordé le thème de la rencontre amoureuse puis de la séparation. On revenait sur cette histoire après s’être séparé, mais aussi la magie de notre relation entre la vie à New-York pour moi et elle sa découverte de l’Europe. « Play me Again » est tout simplement la suite de cette histoire. Puisqu’elle est venue sur Marseille pour la tournée, nous avons alors collaboré de manière plus étroite, car avant tout se faisait par Skype, par envoi de fichier. Après concernant les sentiments dégagés par l’album… Je pense que nous nous éloignons sentimentalement encore plus l’un de l’autre, mais on acquiert une complicité musicale de plus en plus grande avec le temps, il y a une attraction, une ambiguïté, voire même une tension entre nous deux qui créent une atmosphère très propice à la création. Tous ces sentiments, ces émotions sont retranscrites dans les chansons et les paroles.

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« Play me Again » le nouvel album de Kid Francescoli © Romain Pommier

Vous fonctionnez un peu comme un vieux couple, en somme ? Comment s’est déroulée votre rencontre ?

Un peu, je dirais plutôt un ancien couple. Nous sommes de plus en plus loin amoureusement, mais de plus en plus proche musicalement. Concernant Julia avant de partir je m’étais trouvé quelques concerts dans des petits endroits, simplement que pour dire que j’avais joué une fois dans ma vie à New-York. J’ai rencontré Julia à la suite d’un de ces concerts, au piano dans le Lower East Side. On s’est parlé après le concert et elle m’a simplement demandé « do you want to sing sometime ?» Je ne pouvais pas refuser une telle opportunité.

Ennio Morricone est un de tes maîtres, les influences cinématographiques sont-elles toujours présentes ?

Le morceau Intermezzo, est un interlude musical qui est clairement une référence à Wendy Carlos la créatrice de la bande originale du film Orange Mécanique. Mais Ennio est aussi présent, et d’autres musiques de film quelque part dans mes morceaux, car cet art m’inspire beaucoup. Que se soit pour l’écriture des paroles, mais aussi musicalement, je pense souvent aux quatre ou cinq notes jouées par des orchestres symphoniques et que tu siffles en sortant de la projection, tout ça continue à m’influencer. Mais il n’y a pas que le cinéma, mon amour pour la musique reste ma source d’inspiration principale, vous verrez l’album réserve des surprises notamment un morceau RnB, car j’écoutais beaucoup de rap américain durant l’écriture du Asap Rocky, Lamar et Drake.

« À Marseille on peut quasiment se réveiller les pieds dans la mer, il est possible de vivre bien avec peu »

« Play me Again » garde-t-il toujours la même texture auditive ? Car « The Player » laisse entendre un changement…

Il est différent, « With Julia » était déjà nettement plus dansant que mes anciennes productions, selon moi dans le nouveau les morceaux rythmés le sont encore plus. Le BPM moyen (battement par minute, équivalent du tempo) est plus élevé, tout en restant un album assez calme.

Si tu avais un film pour caractériser cet album ?

Je ne vois pas quel film ressemble vraiment à l’album… Mais il est vrai que pendant sa conception, j’ai vu beaucoup de films tournés par Claude Sautet « Vincent, François, Paul et les autres », « César et Rosalie », « Mado »… Toutefois, j’ai aussi regardé de gros blockbusters américains, découvert Dennis Villeneuve, et j’apprécie David Fincher. Après le cinéma de Sofia Coppola représente bien ma musique, avec son côté rêveur, mais ce n’est pas spécialement celui que j’affectionne le plus.

Marseille est-elle une source d’inspiration ?

Pas vraiment, mais elle est plutôt une alliée dans la composition. Par exemple aujourd’hui, il n’y a rien de plus agréable que de venir au studio avec le scooter par la Corniche, à droite, tu as la mer qui se confond avec le ciel, j’ai l’impression de voler. Et en été, je vais nager le matin avant de me rendre au boulot. Ici, on peut quasiment se réveiller les pieds dans la mer. Même si les habitants ne dégagent pas toujours des ondes amicales, il est possible de vivre bien, avoir un petit appartement pas trop cher dans le centre-ville et à proximité de la mer. Puis, on peut manger pour pas trop cher.

Donc avoir toutes ces petits plaisirs à portée de main, ce sont des éléments très précieux pour moi. A contrario quand je vais à Malmousque, je ne me dis pas que je vais écrire un morceau sur la mer, mais il y a un confort de vie très agréable. Quand j’étais à New-York par moins dix degrés, que je galérais sur les morceaux de « With Julia » avec personne pour parler, j’ai quand même réussi à composer, donc je ne peux pas dire que Marseille soit mon lieu idéal, ou ma source d’inspiration. Mais, je sais que la qualité de vie ici et le soleil toute l’année, sont importants pour moi.

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Kid Francescoli sur la Corniche © Romain Pommier

Quels autres petits plaisirs te procure Marseille?

J’habite près du cours Estienne d’Orves et j’apprécie beaucoup le fait qu’en été ses terrasses constituent une sorte d’extension de mon appartement. J’aime aussi beaucoup voir les étoiles dans les yeux des personnes qui visitent Marseille pour la première fois et pour qui je me charge de faire le guide en les accompagnants au Mucem, au Pharo ou aux Goudes. Mon enthousiasme pour la beauté de ces endroits ne diminue jamais.

N’est-ce pas trop difficile de faire de la Pop et de l’Électro dans une ville très marquée Rap ?

Alors, c’était le cas lorsque j’ai commencé à faire de la musique, mais cela a changé. Puis c’est grâce au rap que j’ai commencé à être ingénieur du son au studio Ballard avec la Fonky Family, Carré Rouge, SAT, DJ Djel… J’ai énormément appris aux contacts de ces groupes. Je ne regrette pas du tous les années où le Rap et le Reggae régnaient sur la ville, car ça m’a servi pour me professionnaliser. Sauf que maintenant, ce n’est plus du tout le cas. Il y a des clubs électro, comme la Dame Noir et le Baby qui font salle comble tous les week-ends, l’espace Montevideo pour la musique expérimentale, L’Embobineuse ou la Machine à Coudre pour les concerts de garage, de Punk… Et nous au milieu de tout ça, on fait de la Pop, on a pu jouer au théâtre Silvain devant 2000 personnes l’été dernier, je ne me sens pas du tout exclu, sous-évalué au contraire. Puis, avec internet les gens écoutent de tout, la question « qu’est-ce que tu écoutes comme musique ? » c’était les années 1980/90, maintenant les gens écoutent de l’électro, puis après ils vont dans un festival de Jazz comme les « Cinq Continents »…

« À côté de Julia, j’avais l’impression d’être à côté d’une diva, une star. »

D’ailleurs, il n’y a pas de date à Marseille ?

Si, mais je ne peux pas encore l’annoncer…

Autre ville, New-York, pourquoi ce voyage ?

J’avais un pote là-bas, il m’a proposé de m’héberger, c’est une chose qu’il est impossible de refuser. Je suis parti sans rien, ni morceau, ni texte. Je partais pour me changer les idées, j’ai toujours vécu à Marseille, j’avais écumé, raclé toutes les possibilités d’aventures. Là-bas j’ai découvert des lieux, des gens, un enthousiasme… A chaque fois que je sortais ou entrais du métro, je me sentais comme dans un film. Puis, il y eut la rencontre avec Julia, nous étions exactement dans le même état d’esprit, elle était stagiaire dans un magazine, elle était avide d’aventures et de rencontres. Quand on s’est rencontré, il s’est passé un truc, dès la première note de musique, ses premières paroles, j’ai su que c’était la bonne. J’avais pris ma guitare, je jouais, elle chantait, j’avais l’impression d’être à côté d’une diva, une star, elle chantait parfaitement bien avec des notes impeccables, ça a fait mouche tout de suite. Et c’était exactement pour ce genre de chose que je suis parti, pour être stimulé émotionnellement et humainement.

On peut parler de destin ?

Oui en quelque sorte, mais je suis allé le chercher. En fait, cette ville est particulière, elle n’est pas comme ces villes que tu es content d’avoir visitées, mais rentrer à la maison te fait aussi plaisir. Chaque fois que j’allais à New-York, je me disais, ce serait bien d’y retourner pour m’imprégner de ce qu’il se passe ici, car à chaque fois, je partais sur ma faim, je voulais rester plusieurs mois. Là-bas, je ne pouvais pas me contenter de juste prendre des photos, visiter des monuments. Je voulais vivre comme un New-yorkais et l’arpenter. Maintenant, j’y retourne avec de grandes victoires acquises sur place, la magie s’estompe un peu. La première fois que j’y suis allé, mon cœur battait la chamade, à fond, je ne voulais plus dormir, cette ville est stimulante.

Ça ne te stresse pas d’être attendu ? Après le succès de « With Julia ».

Pas spécialement, puis quand je stresse, je me dis que je voulais vivre ça étant petit. Quand je faisais de la musique, tout seul dans ma chambre, j’aurais voulu que l’on me dise « tu vas sortir un album que les gens attendent. » Puis c’est mieux dans ce sens-là, que de sortir un album dont tout le monde se fout. Je suis plutôt du genre à toujours me mettre la pression, on a programmé le Trianon une salle mythique de 1 200 places, rien que d’y penser ça me met en panique, j’ai le trac, mais ça me galvanise, je trouve ça super excitant. Je pars du principe que pour le live et l’album, j’ai fait de mon mieux, donc je suis confiant et excité.

Parle-nous un peu de la tournée…

La première date prévue est le 11 mars à Florence (Italie), puis on enchaîne Lille, et une tournée dans toute la France avec le Café de la Danse (Complet) et le Trianon à Paris en novembre. Parmi ma liste de rêves, des choses à faire que j’avais étant gamin, jouer à l’étranger en faisait partie, ma tourneuse me l’a calé, je suis heureux, puis je lui ai dit de programmer le plus de dates possibles à l’étranger. Je suis ravi de partir pour jouer, c’est juste énorme. Je vais dans une ville, je la visite et je joue, il n’y a pas de mot, c’est la meilleure des sensations.

«  On a eu des touches pour faire quelque chose de très ambitieux »

Dans tes concerts à l’étranger, quel fut le plus marquant ?

L’Afrique du Sud et Istanbul resteront des concerts à part. Les gens autour de nous, nous ont dit de ne pas aller en Turquie en raison des risques d’attentat. Sauf qu’on y est allé, c’était génial ! Les gens nous remerciaient d’être venus. Après l’Afrique du Sud, il y avait la distance, le dépaysement total. Lorsque je voyage pour chanter, je me rappelle mes débuts gamins lorsque je jouais sur une boîte de Quality Street dans ma chambre et maintenant, je me retrouve à l’autre bout du monde, pour jouer, je dors dans un bel hôtel. Je ressens un plaisir immense, la dose que l’on prend est vertigineuse.

Tu es très humble par rapport à ta réussite…

Oui, car je n’ai pas eu la chance de pouvoir faire ce genre de concerts dès mon premier album, j’ai galéré, fait d’autres choses, puis j’ai joué devant cinq personnes sans cachet… Je n’arrive toujours à pas croire que des gens se déplacent pour venir nous voir.

Le prochain clip sera-t- il un court-métrage, comme pour « Blow-up » ?

Non, pas vraiment le prochain clip sera celui de la chanson « Les vitrines », il est plus graphique que « Blow-up », on ne pouvait pas continuer dans le même genre. Mais, on a eu des touches pour faire quelque chose de très ambitieux, qui devrait prendre pas mal de temps à créer, je ne peux rien dire pour le moment, si ce n’est que le projet me plaît beaucoup, sauf qu’il n’y a rien d’acté.

Où en est le projet « Husbands » ?

Pour le moment, il n’y a rien de prévu, mais sans doute après nos projets perso Mathieu d’Oh ! Tiger Mountain sort son album Simon va enchaîner avec la tournée de Nasser… On est tous pas mal chargé, mais je pense qu’une fois les projets de chacun terminés, on va s’y remettre !

Dernière question, as-tu un titre à conseiller après la lecture de cet article ?

« It’s only music, baby » sur le dernier album. C’est la chanson dont je suis le plus fier parce que je suis arrivé à faire exactement ce que j’avais en tête.

Un artiste marseillais à découvrir et à suivre…

Écoutez « Play me Again », sortie le 3 mars ou retrouvez Kid Francescoli en concert lors de sa tournée.

Clip vidéo YouTube pour Blow-up

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