La Ciotat accueille depuis près de 20 ans l’un des leaders mondiaux en matière de rénovation de yachts: la société Compositeworks. Grâce à son développement fulgurant, l’entreprise est l’un des moteurs de l’emploi dans la région. Reportage.

Compositeworks (CW) est une entreprise spécialisée dans le refit (réparation et remise en état) de yachts d’exception, installée à La Ciotat en 1998. Elle est maintenant l’un des leaders mondiaux dans sa spécialité, les megayachts, et fait vivre 350 personnes. Avec une croissance à deux chiffres, la société provençale, profondément attachée à son territoire, ne demande qu’à se développer. Et son carnet de commande est tellement plein qu’elle refuse des chantiers !

Pour la petite histoire, l’aventure commence dans les années 1990. A cette période, le Britannique Ben Mennem et le Néerlandais Marc Salmon construisent des voiliers. Il voguent de chantier en chantier à travers l’Europe : Royaume-Uni, Pays-Bas, Allemagne… Alors qu’ils doivent produire un voilier de 14 mètres en Italie, ils sont déçus par les infrastructures. La Ciotat est choisie comme solution de replis.

Ben Menem était skipper professionnel avant de se lancer dans la construction navale. Il connaissait La Ciotat car il y avait déjà accosté quelques années plus tôt. « Quelque chose m’a touché, quelque chose de spécial », se souvient-il. Las de parcourir le continent en « mercenaires », les deux associés posent leurs valises sur le port de La Ciotat et fondent CW.

A cette période, ils provoquent l’étonnement des locaux. « Ici, tout le monde nous a dit « vous êtes des fous de faire ça ici ! ». Je pense que notre naïveté était finalement quelque chose de bien », nous confie Ben Mennem.

Le début d’une nouvelle aventure pour le port de La Ciotat

L’arrivée de l’euro au début des années 2000 oblige les entrepreneurs à diversifier leur activité. La seule construction n’est plus viable : « Nous avons eu besoin de nous réinventer. On a obtenu un contrat de refit pour un voilier de 33 mètres, puis pour un de 55 mètres… ». Tout s’est enchaîné très vite.

En peu de temps, CW se concentre presque exclusivement sur la réparation. Restent certaines propositions qu’ils ne peuvent refuser, comme la confection d’Areva Challenge, le navire de l’équipe française pour l’édition 2007 de la Coupe de l’America.

chantier naval, La Ciotat, futur leader mondial de réparation des yachts ?, Made in Marseille
Les ouvriers ont entre les mains des navires d’exception.

Aujourd’hui, le succès est largement au rendez vous et l’entreprise explose son chiffre d’affaires

Aujourd’hui, la firme ciotadenne revendique un chiffre d’affaire pour 2015 de 43 millions d’euros, en augmentation de 23% par rapport à 2014. Elle talonne les Barcelonais de MB92, numéro un mondial du refit de megayachts, et est au coude à coude avec le port de Gènes. Il faut savoir que ce classement est très important car à lui seul, le bassin méditerranéen concentre 70% du yachting mondial.

Et à La Ciotat, les carnets de commande ne désemplissent pas. Le nombre de navires ne cesse d’augmenter et tous nécessitent un entretien régulier. Par exemple, un tiers des bateaux de plus de 80 mètres dans le monde est passé par La Ciotat ces dernières années. Toutes catégories confondues, CW a honoré 113 contrats en 2015.

Le problème ? La société commence à se sentir à l’étroit. Une annexe a même dû être créée dans le port de Marseille. « On a travaillé pour avoir une clientèle fidèle pendant toutes ces années, c’est difficile de dire qu’on n’a plus de place… », regrette Ben Mennem. L’équipe veut malgré tout miser le maximum sur sa ville d’adoption. Ils espèrent augmenter l’espace disponible de 50% grâce notamment à la création de docks flottants ou en accostant les yachts en double file.

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Le refit est en pleine expansion. Les chantiers ont du mal à absorber la demande.

Objectif: créer encore plus d’emplois en Provence

Le 1,7 million d’euros de bénéfice a en partie servi à l’embauche de 18 salariés, soit le cinquième de l’effectif actuel. A la centaine de salariés s’ajoutent 250 sous-traitants. Le refit demande un savoir-faire rare. Depuis sa création, CW a dépensé 15 millions d’euros en investissement et formation.

« 50% de nos salariés sont des ouvriers. Nous préparons un partenariat avec l’UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie). Mais nous comptons beaucoup de profils différents, du marketing à l’ingénierie. Nous formons cinq-six apprentis, et quelques stagiaires pendant l’été », explique Christophe Mouliérac, directeur en charge du financement, de la stratégie et du développement. 

Le bénéfice du prochain exercice doit avoisiner le précédent, l’apport salarial doit être absorbé. Le seul Français de l’équipe dirigeante reste optimiste « sûrement pas au niveau de cette année, mais nous allons vraisemblablement embaucher ». Selon CW, un emploi dans le refit équivaut à quatre emplois indirects.

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Un yacht de 80 mètres peut demander de un à six mois de travaux.

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