Avec 17 projets de renouvellement urbain en cours à Marseille, les quartiers de la ville se désenclavent petit à petit. La requalification de ces zones et les opérations de relogement qu’ils entraînent parfois dans leur sillage font surgir de nouvelles questions à prendre en compte pour améliorer la situation de ces quartiers et de leurs habitants.

Pendant un peu plus d’un mois, l’Alcazar a présenté au public l’exposition « Vivre Marseille aujourd’hui – Visages et paroles d’habitants » de l’association Regards Croisés. Élaborée à partir de témoignages recueillis depuis 2003 auprès de Marseillais vivants dans différents quartiers de la ville, cette exposition avait pour but d’apporter une vraie réflexion sur les questions de la réhabilitation et du relogement à Marseille. Deux sujets qui font la part belle aux préjugés.

14 quartiers de Marseille en pleine rénovation

Aujourd’hui à Marseille, 14 quartiers du nord, sud et du centre de la ville sont en passe d’être rénovés. La mise en œuvre de cette rénovation découle d’une politique nationale de rénovation urbaine instituée par une loi de 2003.

Au total, ce sont 17 projets qui sont actuellement en cours à Marseille comme à La Solidarité, un ensemble de grands immeubles situés à l’extrême nord de la ville, La Viste, Malpassé ou encore aux Hauts de Mazargues. La majeure partie des Projets de Renouvellement Urbain (PRU) concerne des quartiers où l’habitat est composé de logements sociaux. Concrètement, le but est multiple : désenclaver ces quartiers, améliorer l’habitat, moderniser et développer les équipements publics et apporter une mixité sociale.

Pour se faire, le quartier passe par différentes modifications qui peuvent varier suivant les sites. Sur certains, les bâtiments et logements sont réhabilités quand sur d’autres les immeubles les plus vétustes peuvent être démolis pour laisser place à de nouvelles constructions. Entraînant parfois une obligation de relogement de certains habitants.

Prendre en considération l’avis des habitants pour les reloger

En termes de relogement aujourd’hui, différents outils ont permis aux acteurs de mieux comprendre les souhaits des habitants. Notamment une plateforme de relogement mise en place depuis plus de trois ans pour donner la parole aux habitants.

« Cette plateforme nous a enlevé les œillères que l’on avait sur les aspirations des gens confrontés au relogement. On s’est aperçu que les habitants ne souhaitaient pas forcément aller dans des logements neufs ou changer de quartier. Cela dépend à chaque fois des personnes et de leur situation », souligne Nicolas Binet, directeur du GIP Marseille Rénovation Urbaine qui pilote à Marseille les différents PRU.

Prendre en compte la situation de chacun des habitants par rapport à leur relogement est aujourd’hui systématique. Depuis plus de cinq ans, les bailleurs sociaux à l’instar de Logirem signent même des chartes avec les associations d’habitants pour définir les critères du relogement. Avec pour objectif de laisser le choix aux habitants de l’endroit où ils souhaitent aller. Et dans 50% des cas de ce bailleur social, le relogement se fait sur le quartier lui-même ou dans un environnement très proche.

« Ce qui frappe est le fort attachement aux quartiers nord et le peu d’attractivité du centre-ville. Pour les habitants du nord, le centre-ville est pire que leur quartier. Il y a des images dont il faut se départir dans notre travail et prendre en considération les préférences des habitants pour encore améliorer les opérations de relogement », reconnaît Françoise Mesliand, responsable du pôle renouvellement urbain chez Logirem.

Transports, culture et emploi pour améliorer la vie dans les quartiers

Le logement n’est toutefois pas la seule modification qu’entraînent les différents PRU. Le renouvellement urbain a aussi pour objectif la réhabilitation et la construction de services nouveaux ou déjà existants dans ces quartiers comme des centres sociaux, des équipements sportifs, des écoles ou des crèches. Tout cela dans le but de renforcer l’attractivité de ces quartiers en facilitant aussi le brassage des populations.

Les projets favorisent également l’implantation de locaux d’activités, de commerces, de services et de bureaux pour y diversifier les fonctions afin de créer de l’emploi dans ces quartiers de la ville où il en manque cruellement.

« Refaire un immeuble est important mais il faudrait revoir aussi l’ensemble comme les transports, la culture et l’emploi. La mixité dans les quartiers est surtout liée à l’emploi et non pas au logement », considère Philippe Pujol, journaliste ayant beaucoup écrit sur les quartiers nord de Marseille.

Les Projets de Renouvellement Urbains sont généralement longs à mettre en place et s’étalent sur plusieurs années. À terme, ils devraient permettre à ces quartiers souvent enclavés ou centrés sur eux-mêmes d’être plus ouverts sur le reste de la ville. Mais il reste encore un long chemin à parcourir pour y parvenir et inverser la spirale d’isolement impulsée depuis des décennies à ces zones et ces habitants de Marseille.

Par Agathe Perrier

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